Journal de bord - Team Afrique - Semaine 5
Semaine 5 (03/04 – 09/04), depuis le Maroc
Bonjour à tous et bienvenue dans le journal de bord! Retrouvez ici toutes les semaines des nouvelles de chaque groupe, des anecdotes, des récits de rencontres et de voyages.
Au programme du journal de bord de cette semaine une randonnée dans l'Anti-Atlas, la découverte d'un projet très innovant à Agadir et la rencontre avec un couple pour le moins atypique.
Vendredi 31 mars a pour nous été une journée de voyage. Le départ depuis M'Hamid s'est effectué aux premières lueurs du jour et nous avons assisté au lever, au zénith et presque au coucher du soleil depuis la fenêtre du bus. Nous avions prévu de passer le week-end à Taroudant, à une centaine de kilomètres d'Agadir, comme étape avant la deuxième ville touristique du pays. Nous y avons retrouvé une amie, Fanny, en stage ici avec l'association Experts Solidaires. Elle travaille sur des projet de réseaux d'eau potable et d'assainissement dans de petits villages de la région. Autour d'un couscous, nous avons fait la rencontre des étudiants d'AgroParisTech Montpellier, en voyage d'étude depuis deux semaines ici et travaillant sur les mêmes projets. Ils avaient programmé une dernière visite sur le terrain avant leur retour en France pour le lendemain, et proposèrent de nous y emmener.
Nous avons donc retrouvé certains d'entre eux le lendemain matin, pour une heure et demi de route à travers les magnifiques paysages montagneux de l'Anti-Atlas, en direction de la vallée de l'Argan. Ici et là, nous apercevions des travaux de remise en état des routes, ou des vestiges de ponts, ravages des inondations meurtrières ayant touché la région en novembre 2014. Nous sommes arrivés à l'un des villages bénéficiaires d'un projet d'assainissement d'eau de l'association. C'est au bord du petit cours d'eau qui sépare le village en deux que nous avons fait la rencontre de notre guide. Il nous a gentiment amené à travers les chemins escarpés jusqu'aux sommets environnants, où nous avons constaté que les Dacia de location n'étaient pas du tout à l'aise. La suite du trajet s'est effectuée à pied jusqu'aux ruines de la forteresse d'Igiliz, lieu de naissance de la dynastie Almohade (XIIème siècle), où des recherches archéologiques sont toujours en cours. L'association veut notamment en s'appuyant sur ce site, développer l’écotourisme dans la région. Après le déjeuner à Taroudant, nous avons quitté les étudiants qui rentraient pour Montpellier et nous sommes baladé en ville. Nous avons passé le reste du séjour dans la ville surnommée « La petite Marrakech » à alterner entre loisirs et travail de traitement des photos et des informations. C'était également la première fois du séjour que nous avions une cuisine à disposition. Nous en avons profité pour retrouver la sensation de cuisiner et de ne pas avoir besoin de ressortir pour manger.
Nous avons poursuivi le mardi notre route vers Agadir, au cours de laquelle nous avons surtout observé des champs sur un relief vallonné. En effet, cette région est très agricole, et l'on comprend mieux la traduction arabe du mot « agadir » : grenier. Nous avons posé nos quartiers dans un petit hôtel du centre-ville, non loin de la plage et de la marina aux accents bien plus européens que marocains.
Nous avions rendez-vous le mercredi matin avec Mahdi Lafram, l'un des dix membres de l'association Dar Si Hmad qui nous intéressait particulièrement et dont les initiatives sont saluées par le monde entier. Ce projet s'inspire des toiles d'araignées pour récupérer les eaux de brouillard, très présent dans certaines montagnes de l'Anti-Atlas. Avec ce concept développé par l'association pendant 7 ans, 5 villages profitent de cette eau moyennant un financement symbolique. Des actions de sensibilisation à la gestion de l'eau sont également menées auprès des populations, et notamment des enfants. A titre indicatif, en moyenne, 1m² de toile récupère quotidiennement 22L d'eau de brouillard qui sont ensuite dilués dans de l'eau de forage pour la minéraliser. Ce projet permet de limiter la surexploitation de l'eau souterraine et préserve la nappe en prévention de périodes plus sèches.
Nous avons profité du reste de la journée pour aller nous balader dans la ville. Nous sommes passé par un parc aux oiseaux, dans lequel nous avons pu notamment admirer des perruches, des volailles, des perroquets, des lamas et des wallabies. Nous avons ensuite longé la plage et traversé la marina pour arriver devant le port de pêche. Nous y avons rencontré un pêcheur qui nous a présenté les différents types de poissons locaux, et expliqué que l'arrêt des contrats de pêche octroyés aux espagnols avait bien plus d'influence sur la population de poissons que le changement climatique. En effet, depuis quelques années, cet homme ressentait un retour du poisson au large de ses côtes qu'il attribuait à la fin de la pêche intensive européenne. Après un excellent repas au stand de poissonnerie géré par son frère, nous avons fini l'après-midi sur la plage, à regarder les surfeurs et les jet-ski se partager cette zone de l'Atlantique.
Nous nous sommes dirigé le jeudi vers le nord, direction la ville portuaire et touristique d'Essaouira. Durant le trajet en bus, nous avons fait la connaissance d'un couple tout ce qu'il y a de plus atypique, avec lequel nous allions passer les quelques jours suivant. Younes, un maroco-québecois (peut-etre LE maroco-québecois) et sa copine russe Iana s'étaient rencontré un mois plus tôt à Cuba et voyageaient à travers le Maroc sans calendrier précis. A eux deux, ils pouvaient parler sept langues, et avaient voyagé dans énormément d'endroits. Ils allaient également à Essaouira et, tout comme nous, n'avaient pas encore d'idée de logement pour ces quelques jours. Younes possédait l'indéniable avantage de parler arabe, et s'occupa de tout pour le logement. Après trois visites d'appartements, il en trouva un parfaitement placé au milieu de la médina, et possédant une terrasse avec vue sur la mer pour un prix défiant toute concurrence.
Nous sommes partis le lendemain vers le port de pêche, pour y rencontrer l'administration du port et si possible, quelques pêcheurs. Comme on était vendredi, jour de repos dans les pays musulmans, nous n'en avons pas rencontré. Nous avons alors décidé de nous diriger vers l'administration, au rythme hebdomadaire européen, mais ceux-ci n'étaient pas disponibles, ayant pas mal de travail à faire avant le week-end et deux jours de grève lundi et mardi. Nous avions, pendant notre balade, repéré une autre institution qui avait pour nous un grand intérêt, le centre régional météorologique. Ici, nous avons rencontré le directeur du centre, Mr Redouane Boulal, qui nous a expliqué que les changement météorologiques observés dans la région d'Essaouira étaient préoccupants. Les précipitations, plus irrégulières et imprévisibles, sont un problème dans cette région agricole. Le vent, plus fort et plus changeant, constitue également une menace importante. En effet, les grands cyclones qui touchent la côte est américaine ont toujours eu l'habitude de repartir vers l'Afrique, et mourir au milieu de l'océan Atlantique. Mais ces derniers temps, ceux-ci arrivent à s'approcher dangereusement du Maroc.
Nous avons alterné travail et balade en ville le reste de la journée, et sommes partis dès le samedi pour Marrakech. Il ne reste plus que quelques jours pour nous au Maroc avant de nous envoler vers le Sénégal. Notre travail s'articule maintenant autour du tri des données amassées, et de la retranscription des nombreuses informations reçues.
Retrouvez-nous la semaine prochaine pour suivre la suite et la fin de nos aventures au Maroc, qui sonneront le début de celles au Sénégal !