Journal de bord – Team Afrique – Semaine 9
Semaine 9 (01/05 –07/05), depuis le Sénégal
Bonjour à tous et bienvenue dans le journal de bord ! Retrouvez ici toutes les semaines des nouvelles de chaque groupe, des anecdotes, des récits de rencontres et de voyages.
Au programme du journal de bord de cette semaine un tournoi de lutte sénégalaise, un déjeuner au presbytère et les retrouvailles avec une amie rencontrée auparavant.
Nous sommes arrivés samedi 29 avril à Mar Lojd. A notre arrivée, le gérant de l'auberge, Aurélien, que nous avions contacter pour nous aider dans le projet, n'était pas encore revenu de Dakar. Dans l'après-midi, nous avons appris que le groupe d'américains venu pour le week-end avait organisé un tournoi de lutte sénégalaise dans le village. Nous en avons donc profité pour découvrir ce sport, qui est une religion au Sénégal. C'était un tournoi de jeunes, mais aux gabarits déjà très impressionnants. Ils se sont affrontés jusqu’à la tombée de la nuit, accompagnés par une musique très répétitive et les cris des nombreux enfants venus encourager les lutteurs.
A notre retour à l'auberge, Aurélien était arrivé. Nous avons ensuite passé la soirée à discuter avec cet aventurier, ayant parcouru environ tous les pays du monde à plus de 3000 kilomètres de la France. Il est maintenant au Sénégal depuis 7 ans et alterne entre sa vie de professeur d'histoire-géographie à Dakar, ses études par correspondance et cette auberge.
Le lendemain matin, nous voulions assister à la messe du village dont nous avions entendu parler de ses rythmes musicaux et de son dynamisme. Ce fût effectivement le cas, seulement la messe de Mar Lodj s'effectue en Sérère, et cela a rendu pour le moins difficile notre compréhension de ce qu'il s'y disait. Nous n'avions rien prévu l'après-midi, et nous en avons donc profité pour avancer le travail que l'on avait à faire et aller nous baigner, tout en prenant soin d'éviter les femmes du village, un peu trop insistantes à notre goût, concernant les produits qu'elles (re)vendaient.
N'ayant aucun contact pré-établis, nous avions décidé de passer la journée de lundi au village pour recueillir le témoignage des locaux. Notre idée était de commencer par le presbytère, où le prêtre pourrait possiblement nous guider vers les personnes les plus intéressantes à rencontrer. Là-bas, nous avons donc fait la connaissance du père Léon, qui officie sur l'île depuis moins d'un an. Il a pu nous donner quelques renseignements, mais a décidé d'appeler Charles, alias Charlemagne, un villageois connaissant très bien l'île. En attendant ce dernier, nous avons pas mal discuté avec le prêtre, discussion dont les sujets tournaient souvent autour du football. Charles est arrivé, et nous a grandement éclairé sur les problèmes climatiques auxquels l'île fait face. Notre visite au presbytère s'est terminé à la mi-journée et nous avions déjà deux rendez-vous pour le lendemain. Le premier était avec Charles, pour aller au village de pêcheurs de Wandié et le deuxième était avec le père Léon, qui nous avait invité à déjeuner.
De nouveaux arrivants étaient apparus à notre retour à l'auberge, Pablo et Natalia, père et fille madrilènes. Nous voulions faire une sortie jusqu'à l'île aux oiseaux en fin d'après-midi et leur avons donc proposé de nous accompagner. Nous sommes donc partis vers 17h avec les espagnols, Aurélien, Marabout notre piroguier et une caisse de bière et autres alcools concoctés par notre hôte. Pendant le trajet, nous avons pu apercevoir de nombreuses tentatives de replantations de mangrove, et également que le taux d'échec était important. En effet, les jeunes pousses de palétuviers qui composent la mangrove sont très fragiles durant les premières années. Seuls une petite partie d'entre elles atteindront leur phase adulte. Arrivés à ce que l'on appelle « le perchoir », le spectacle était magnifique. De très nombreux oiseaux se rejoignent ici à chaque tombée de la nuit. Une bière, puis un verre de rhum arrangé à la main, nous avons pu admirer l'arrivée des cormorans, pélicans, hérons et aigrettes blanches et noires. Nous sommes rentrés le soleil couché, avec pleins de belles images en tête et sur l'appareil photo.
Le soir même, un ami d'Aurélien, cuisinier dans un grand hôtel de l'île, est venu nous rejoindre pour prendre le thé. Il connaît très bien Mar Lodj, y ayant toujours vécu, et a pu nous donner des informations supplémentaires sur la situation de l'île.
Nous avons retrouvé Charles le lendemain matin pour aller visiter le village de Wandié. Au cours du voyage, nous avons compris pourquoi ce village était surnommé « l'île dans l'île », car pour y accéder, nous étions obligé d'effectuer quelques mètres en pirogue. Personne ne parlait français dans ce village de pêcheurs. Charles nous a alors été d'une grande utilité pour réaliser l'interview du chef du village au cours de laquelle nous avons mieux compris les difficultés récentes rencontrées par les pêcheurs. Marée montante oblige, une partie de la route du retour était sous l'eau. Cela a alors été pour nous l'occasion de tester les aptitudes du cheval en « aqua-charette ». Nous sommes rentrés pour midi à Mar Lodj pour déjeuner avec le père Léon. Nous y avons appris qu'il passait ses mois d'été en Vendée pour donner la messe et également débuter la saison de football. Il nous a même avoué avoir raccourci certaines messes pour ne pas rater le match ! Dans l'après-midi, nous avons retrouvé Charles chez lui pour une interview filmée.
Pour mieux comprendre le rôle des mangroves dans la région et l'impact des actions de replantation, nous avions contacté une association basée à Fimela, une ville située non-loin de Mar Lodj. Après avoir hésité entre faire des aller-retours depuis Mar Lodj et rester à Fimela quelques jours, nous avons opté pour la deuxième option. Nous avons donc quitté l'île mercredi matin pour faire le court trajet qui la relie à Fimela. Dans la pirogue, nous avons eu la surprise de retrouver Charles, qui avait quelques courses à faire sur le continent.
Arrivés à l'auberge à Fimela, nous avons été reçu par des membres d'une association de jeunes du villages dont fait parti le gérant. L'AJA (Association Jeunesse Action) a pour but de lutter contre la pauvreté et améliorer la qualité de vie des habitants. Pour cela, ils investissent tout ce qu'ils peuvent pour développer la ville car, selon eux, on ne peut pas en attendre des politiques pour que notre vie s'améliore : « Ne te demande pas ce que l'état peut faire pour toi, mais ce que tu peux faire pour l'état. » Au cours de la discussion, nous avons même pu parler par téléphone au président national de l'association, qui n'est autre que monsieur Senghor, le fils du président-poète Léopold Sédar Senghor.
L'après-midi, nous avions rendez-vous avec certains membres de l'association CAREM (Coordination des Actions pour la Restauration des Ecosystèmes des Mangroves), luttant pour la préservation et la replantation des mangroves. Nous avons notamment été reçus par Yakhia et Gorgui. Nous avons eu la confirmation qu'une grande partie de la population locale vit de ces mangroves et que si celles-ci venaient à disparaître, toute la région serait affectée.
A notre retour, de nouveaux arrivants logeaient à l'auberge. A notre (et leur) grande surprise, les espagnols avaient choisi Fimela comme étape avant leur retour sur Dakar. Nous avons alors passé la soirée en leur compagnie à parler de tout et de rien.
Nous sommes ensuite retournés dans les locaux de la CAREM pour une interview filmée de Gorgui, qui nous a ensuite emmené faire un tour vers la digue anti-sel récemment installée. On y voyait facilement les bénéfices : d'un coté, le sel s'est accumulé et rend la terre inutilisable alors que de l'autre, la terre est bonne et cultivable. Cette digue a également permis de dé-enclaver un village, dont les jeunes devaient chaque matin traverser avec de l'eau à hauteur de poitrine pour aller à l'école, le tout avec un bidon d'eau douce pour se rincer.
Nous n'avions rien de prévu pour l'après-midi mais à notre retour, l'aubergiste nous a proposé de nous emmener faire un tour de la ville en guise d'illustration de la discussion de la veille. Nous avons été jusqu'au foyer des jeunes, un grand espace maintenant délabré autour duquel tous les jeunes du village viennent passer leurs soirées. Nous avons une dernière fois passé la soirée avec les espagnols avant leur départ le lendemain matin pour Dakar et le notre pour Mbour.
Les taxis collectifs ne passant que très rarement à Fimela et les taxis individuels étant trop chers, nous avions décidé d'effectuer notre trajet en transport en commun, pour la première fois du trajet. Notre trajet à démarré à bord d'un mini-bus et son fameux démarreur six-personnes. Au compteur, nous étions bloqué à 5 km/h, mais nous sommes finalement assez rapidement arrivés au terminus. Nous avons ensuite pris un grand bus jusqu'à Mbour, dans lequel un passager à passé un temps fou à convaincre l'apprenti de nous faire payer le tarif normal.
Nous n'allions passer qu'une nuit à Mbour, où nous avions été invité chez Astou Sene, la femme que nous avions rencontré plusieurs fois à Mbour lors de notre premier passage. C'est son petit frère, Abibou, qui nous a reçu. Nous avions eu l'occasion de rencontrer toute la famille lors d'un dîner à notre premier passage, et avons pu les revoir à ce moment. Nous avons donc échangé avec Abibou, alias Bébéto, le petit dernier de la famille Kakà, le fils de la voisine Babacar, qui donne l'impression d'utiliser sa maison uniquement pour dormir, et les parents. Le « Vieux » nous a donné une leçon de politique internationale, alors que la mère nous a accueilli avec un rire très partageur avant même que nous ayons dit un mot.
Nous étions revenus sur Mbour car nous avions récemment obtenu un nouveau contact travaillant sur la pêche et la préservation de la côte à Nianing, une ville voisine. Nous y sommes donc allé accompagnés d'Abibou, qui voulait nous suivre pour cette interview. Là-bas, l'érosion côtière fait de gros dégâts sur les habitations comme sur la population de poissons, et les actions de préservation de la côte tardent à se mettre en place.
Nous sommes ensuite rentré et avons passé une soirée tranquille avec Astou et Abibou.
Notre idée était de ne passer qu'une nuit à Mbour et de monter vers le nord du Sénégal, à Saint-Louis, le samedi. Nous pensions faire ce trajet à trois mais Abibou en avait décidé autrement. Il avait peut-être pris goût à nous suivre dans notre projet, ou était désireux de nous éviter les habituelles augmentations tarifaires des taxis accordées aux étrangers, mais quoi qu'il en soit, il décida de nous accompagner. Nous allons donc passer plusieurs jours tous les quatre à Saint Louis. La ville est très touchée par la montée des eaux et nous sommes très intrigués par un canal, creusé par l’État qui s'est énormément élargit et cause énormément de dégâts. Saint Louis a été désigné grande ville africaine la plus affectée par les changements climatiques, et nous allons rapidement réalisé pourquoi !
Retrouvez-nous la semaine prochaine pour suivre la suite et fin de nos aventures au Sénégal !