Journal de Bord - Team Afrique - semaine 13
Semaine 13 (30/06 –05/06), depuis l'Afrique du Sud
Bonjour à tous et bienvenue dans le journal de bord! Retrouvez ici toutes les semaines des nouvelles de chaque groupe, des anecdotes, des récits de rencontres et de voyages.
Au programme du journal de bord de cette semaine, une entrevue à la municipalité de Port Elizabeth, la rencontre pleine de rebondissement d'une communauté Xhosa et une auberge paradisiaque en compagnie de surprenants singes vervets.
Mardi 30/05, ayant fait le choix de loger à plusieurs kilomètres de Port Elizabeth (P-E), nous avons loué une voiture pour nous rendre à nos rendez-vous (ainsi qu'un petit tour à l'Addo Elephant Park). Après quelques difficultés pour retrouver notre contact, nous rencontrons Clyde Scott, membre de la Mandela Bay Municipality, groupement de communes des environs de Port Elizabeth. Malgré de nombreux écosystèmes environnants et un fort potentiel touristique, cette ville éprouve de grandes difficultés à se développer, notamment socialement. Lors de notre entretien, Clyde nous a présenté un projet mené à terme en partenariat avec Wessa, une association nationale de protection de l'environnement. Ce projet concernait la Baakens Valley. Cette vallée reliant d'importants Townships à la ville était très empruntée par les écoliers, les travailleurs et plus généralement les habitants de ces quartiers défavorisés. Malheureusement, elle était également le lieu d'énormément de criminalité et participait à la mauvaise réputation de la ville, empêchant son développement. L'environnement et sa protection font partie des points focaux du projet. L'environnement influe sur le comportement des gens et vice versa. Ainsi, de la même manière que nous l'avons vu au Cap, la municipalité mène une guerre aux plantes invasives ! Ces dernières offrent moins de visibilité pour les rangers récemment employés en raison des bords de chemins anormalement denses et pollués, propices au zonage, aux trafics, aux squats… Et le Changement Climatique dans tout ça ? Il favorise souvent la prolifération des plantes invasives qui s'adaptent facilement aux différents climats. Les pluies plus rares et plus intenses favorisent l'érosion, retirant le couvert végétal. De plus, par le passé pour lutter contre l'avancée des dunes du littoral, des arbres australiens ont été plantés. Les dunes sont fixées mais l'espèce s'est développée créant d'autres problèmes. Clyde nous a également éclairé sur les importants manques d'eau auquel P-E fait actuellement face et sur les risques de la montée des eaux pour la municipalité. Quels sont les stratégies de communication et d'action de la municipalité ? Nous avons, avec l'aide de Clyde, abordé ces sujets. La municipalité a développé des outils simples, rapides et ludiques pour inciter les citoyens à se pencher sur leurs comportements. De retour à l'auberge, nous avons organisé les événements à venir, notamment les transports, grande difficulté dans le pays. Finalement, financièrement parlant, nous avons réalisé qu'il serait plus intéressant de prolonger notre location de voiture. Nous profitons d'un peu de temps pour apprécier une fin d'après midi sur la plage, au bord de l'océan indien.
Mercredi 31/05, réveil matinal pour profiter du soleil levant et pour faire un peu de sport sur la plage. L'itinérance n'étant pas très propice pour s'adonner à de petites séances et la marche ne satisfaisant pas ce manque d'exercice, cette matinée en bord de mer permet de combler ce manque avant de reprendre la route. En fin de matinée, nous partons donc pour Chinsta, légèrement à l'est de East London. Après avoir été un peu trop confiant sur la route à empruntée engendrant un léger grand détour, un accident engendrant à son tour un détour, nous arrivons à bon port à la nuit tombée, vers 18h (à noter qu'ici nous sommes en hiver). Ce trajet nous a donné une vision de ce qu'est un peu plus l'Afrique du Sud de l'intérieur. De grandes étendues vallonnées et broussailleuses, des villages ruraux éparses, de grands enclos bovins accueillant quelques autruches, phacochères et antilopes. Nous observons que dans ces zones, la voiture est un luxe nécessaire. Les distances sont très grandes et bon nombre de personnes, âgées comme enfants, font du stop pour rentrer chez eux, à défaut de marcher plusieurs kilomètres.
Jeudi 01/06, ce n'est pas le travail de planification des jours à venir et le tri des informations obtenues lors des rencontres précédentes qui manque. Nous nous essayons également au logiciel photo pour éclaircir certains plans. Malgré tout en milieu d'après midi, nous ne résistons pas à l'appel de cette magnifique lagune. Cette côte, appelée Wild Coast est dense en végétation, agricole et fréquentée par de nombreux oiseaux et quelques singes sauvages. Après ce petit tour sur la plage qui fut également pour nous une bonne occasion pour discuter sur la suite de notre projet lors de notre retour en France : Quel message, De quelle façon, mais également quelle sont nos possibilités compte tenu de notre expérience, etc., de longues discussions avec nos compères d'Asie et d'Amérique nous attendent donc ! En rentrant, un petit volley nous attend avec quelques membres de l'auberge. On ne peut pas dire que le niveau ait été relevé mais ce fut un moment très convivial et agréable.
Vendredi 02/06, ce matin, nous avons rendez-vous avec Richman Mjelo, membre de la communauté Msobomvu qui a été soutenu par l'association « Project 90 by 2030 » il y a quelques années. Dans cette communauté Xhosa* très peu des personnes que nous avons croisé parlent anglais. Notre arrivée a tout d'abord créée un petit malaise car la raison de notre venue étaient mal comprise. Beaucoup pensaient que nous étions membres de l'association « Project 90 » venus pour mener à nouveau des projets et nous ont fait la liste de leurs besoins tout aussi sincères que démesurés. L'incompréhension a duré quelques temps et a été l'occasion d'un profond malaise pour nous, ne sachant pas trop comment leur expliquer que nous n'apportions pas d'aide mais étions venus constater l'importance et les résultats des actions menées face aux problème de l'eau, de l'agriculture, du bois de chauffe… Richman, qui avait compris cela a permis de lever le malentendu. Nous avions alors peur de leur réaction et d'éventuelles déceptions. Finalement, c'est avec un nouveau rendez-vous dimanche, avec les représentants du villages que nous n'avons pas pu rencontrer car ils préparaient des funéraille, que nous repartons. Nous avons lors de ce petit échange, pu tout de même poser des questions aux villageois sur leurs ressenti par rapport au projet, sur les changements dans leur vie quotidienne
. Avant, ils n'avaient pas d'eau potable et buvaient dans les mêmes réservoirs que les vaches et les chiens, source de nombreuses maladies. Actuellement, l'eau qu'il boivent résulte de la récupération des eaux de pluie. Des fours améliorés et des système pour garder les aliments au chaud réduisent les déplacements des femmes pour chercher du bois, gain de temps nécessaire pour leur émancipation et leur santé. Des panneaux solaires leur apportent l'électricité. Depuis 15 ans, personne ne pratiquait l'agriculture, aujourd'hui, tout le monde possède un petit potager. Malgré quelques soucis de maintenance, leur vie est grandement améliorée. En partant, nombreux sont ceux qui nous ont remercié de notre venue, de nous intéresser à des projets semblables et à leurs résultats. Cette rencontre fut la première et nous attendons dimanche pour plus d'informations.
* à prononcer avec un claquement de langue semblable à celui utilisé pour le dressage des chevaux que nous représenterons par [¤]. Il s'agit donc de l'ethnie [¤]ossa en prononciation française.
Samedi 03/06, En attendant la journée de demain qui s'annonce très intéressante, nous profitons une fois de plus pour une petite séance de sport sur la plage. Après avoir discuté de notre rencontre du lendemain et préparé ce que l'on en attendait, nous nous sommes essayé à l'activité phare de la région : le surf. Si certains ont déjà pratiqué et ne sont donc pas novices, certains auront le plaisir de dire qu'ils ont surfé pour la première fois en Afrique du Sud, sur une plage paradisiaque. Le soir, un repas Xhosa ([¤]ossa) nous est préparé par le staff de l'auberge.
Dimanche 04/06, aujourd'hui, la communauté Msobomvu nous a donné rendez-vous en fin de matinée. Sur le chemin, nous avons la surprise de croiser la route de quelques girafes. N'en ayant pas vu lors de notre visite du parc Addo, c'est avec beaucoup d'émerveillement que nous avons admiré ces spécimens. Ce pays nous réserve toujours autant de surprise sur le plan de la diversité animale dans des situations surprenantes. Nous arrivons dans la communauté comme prévu. En nous rendant sur le lieux de notre première rencontre, un groupe d'une vingtaine de personne nous attend. Richman nous assure que la raison de notre visite est maintenant claire pour tout le monde. Nous avons pu discuter grâce à notre traducteur du développement de la communauté notamment grâce au projet de l'association « Project 90 by 2030 ». Malgré quelques réponses que l'on pense un peu en contradiction avec notre première rencontre, cela a été pour nous une bonne occasion pour discuter avec eux des problème rencontrés par les populations rurales des communautés. Que ce soit sur le plan du climat mais également l'importance de l'accès à l'eau, à l'électricité, à l'éducation… dont nous oublions souvent la chance que nous avons de l'avoir à porté de main. En Afrique du Sud, les communautés sont récentes car les ethnies noires étaient parquées durant l'apartheid. Ces personnes n'ont donc pu que récemment s'approprier des terres et n'ont que peu de connaissances en agriculture. Les aléas climatiques tels que le dérèglement des pluies et les températures anormalement élevées en hiver rendent difficiles les activités agricoles. Malgré tout, les aides fournies par l'association ont permis aux jeunes qui étaient partis en ville chercher du travail, de revenir. A notre retour, on se remet au travail sur la réécriture des interviews passées.
Lundi 05/06, en attendant des nouvelles d'une rencontre potentielle, nous passons la matinée à travailler. Finalement, une représentante de l'association nous donne rendez-vous à 14h. Kerry McLean nous a présenté différents projets dont elle fait partie notamment deux susceptibles de nous intéresser. Le premier porte sur le développement, à travers des méthodes durables et responsables, d'une communauté. Leurs actions sont axées sur l'accès à l'eau, l'agriculture et l'éducation. Le second projet porte sur la protection d'une vallée. S'en est suivi plusieurs discussions sur la difficulté de travailler avec les ethnies rurales, sur la création de parcs classés sans tenir compte de la dépendance des population des richesses du lieu, sur quelques bienfaits de certaines plantes invasives et sur les conséquences du changement climatique sur les paysages de « grassland », paysage vallonnés de prairies à perte de vue. Ce paysage, qui représente la majeure partie du paysage sud africain, est propices au pâturage et à la faune sauvage. A notre retour, nous retournons au terrain de volley. Soirée sportive et festive que des singes et une antilope viendront égayer.
Retrouvez-nous la semaine prochaine pour suivre la suite de nos aventures en Afrique du Sud !