Journal de Bord - Team Afrique - semaine 14
Semaine 14 (06/06 –12/06), depuis l'Afrique du Sud
Bonjour à tous et bienvenue dans le journal de bord! Retrouvez ici toutes les semaines des nouvelles de chaque groupe, des anecdotes, des récits de rencontres et de voyages.
Au programme du journal de bord de cette semaine, un contrôle de police pour le moins étrange, un sauvetage à l'africaine d'une nuit dans une réserve et une rencontre de bonne augure à Pietermaritzburg.
Mardi 06/05, nous prenons la route pour Port St-Johns. Ce grand trajet est pour nous l'occasion d'illustrer les propos de notre rencontre de la veille à Chintsa. Nous découvrons de vastes étendues de prairies sillonnées de petites maisons éparpillées autours de routes en terre sur lesquelles l'utilisation d'un 4x4 est largement conseillée. Nous aimerions nous arrêter plus souvent pour profiter du cadre mais plusieurs heures de route nous attendent. Nous aurions du arriver en milieu d'après midi, mais c'était sans compter sur les plusieurs dizaines de kilomètres de travaux. Ici, quand une route est en travaux, il semblerait qu'elle le soit entièrement. Ainsi, c'est à la nuit tombée que nous atteignons Port St-Johns, où nous espérons encore pouvoir obtenir un rendez-vous avec une collègue de Kerry (que nous avons rencontré à Chintsa) dont elle nous a donné un numéro de téléphone. En arrivant à destination, nous découvrons une sublime forêt tropicale très dense, traversée par un cours d'eau. A l'embouchure, nous arrivons à Port St-Johns, face à la mer. Nous nous installons dans une auberge de jeunesse très en phase avec son environnement, entre la forêt et la mer fréquentée par quelques requins bouledogues.
Mercredi 07/06, dernière tentative pour joindre par téléphone notre potentiel contact, mais aucune réponse. Nous apprendrons par la suite qu'elle était probablement en mission sur le terrain, sans réseau téléphone. Nous partons donc pour une sortie en forêt accompagné de deux allemands et un membre de l'auberge, objectif la Bulolo Waterfall (chute d'eau). Ce paysage digne du livre de la jungle a été l'occasion de réaliser des rêves de gosses : sauter du haut de la cascade et se balancer à une liane (qui était en réalité un corde… Anyway !). De retour de cette escapade, nous partons à pied pour un parc à proximité. Il nous y attend une balade en bord de mer, dans une végétation luxuriante. A destination, une plage très sauvage et paradisiaque nous attend. Nous rentrons au rythme d'une vache enceinte, nous ouvrant un chemin trop étroit pour la doubler. Le coucher de soleil approchant, nous gagnons un plateau où une piste de décollage désaffectée sert plus ou moins de route. De là, un superbe panorama sur les collines environnantes mais également sur la baie de Port St-Johns nous est offert.
Jeudi 08/06, après être retourné à la plage découverte la veille pour y effectuer un petit déjeuner, en compagnie encore une fois de quelques singes, nous prenons la route pour Durban. Nous y redécouvrons les paysages de prairies vallonnées, typiques de l'Afrique australe, mais également les fameux travaux. A la tombée de la nuit, nous arrivons à Durban, ville la plus cosmopolite du pays.
Vendredi 10/06, le matin, nous avons rendez-vous avec Richard Boon, membre de la municipalité et spécialiste dans la protection des écosystèmes. Il nous a détaillé les stratégies de protection notamment pour de vastes zones. Comment choisir les lieux d'actions ? Privilégier la rareté d'un écosystème, son impact sur la société, sa fragilité, l'efficacité, sa proximité avec des habitations… Que de questions qu'il faut se poser avant d'élaborer des stratégies de protections. Un autre sujet soulevé est l'implication difficile mais nécessaire des populations locales. L'après midi, nous profitons du climat clément de l'hiver sud africain (environ 25°C) pour profiter du bord de mer très bien aménagé et d'une compétition de surf amateur. Alors que nous nous apprêtons à rentrer, nous ferons l'objet d'une scène que nous ne sommes pas prêts d'oublier. Tandis que nous rentrons des coordonnées GPS, deux policiers s'arrêtent à côté de nous et nous font signe d'ouvrir la fenêtre. Après nous avoir fait sortir de la voiture, l'avoir contrôlée comme des pros, en tout cas pour ce qui est de l'avant (le coffre et la banquette arrière n'ont pas été inspectées), ils nous ont demandé avec insistance si on avait des choses à cacher. Après avoir honnêtement répondu que non, l'un d'eux a trouvé deux tiges de pommes dans la portière et nous a demandé ce que c'était. Nous avions beau dire : « It's just apple sticks », le doute semblait persister. Il demande alors l'avis de son collègue. Ce second nous demande à son tour ce que c'est. Nous reprenons notre réponse avec un ton un peu décontenancé. En effet, mis à part la couleur, cela ne ressemble en rien à ce qu'ils semblent chercher. Suite à notre réponse, le policier nous répond : « Apple ? That's not illegal ! ». Là, franchement, on ne sait plus quoi dire… mis à part « ben oui c'est des pommes ! ». Ils nous ont par la suite menacé d'amener les chiens et de les suivre au commissariat. Pensant sincèrement que ça serait une perte de temps pour tout le monde, nous répondons passivement : « d'accord ». Étaient-ils réellement policiers, tout nous fait penser que oui. Mais quel était leur but ? Un aveux, récupérer de la marchandise, un petit billet sous la pression… ? Toujours est-il qu'ils sont partis bredouilles face à notre passivité. Ah non, ils ont gardé nos deux tiges de pomme. Nous avons appris deux choses : les pommes sont légale ici, mais c'est dangereux de garder les restes dans la voiture!
Samedi 11/06, nous profitons du week-end pour une excursion à environ 200km au nord de Durban, à Saint Lucia. Là-bas se trouve une grande aire protégée remontant le long de la côte jusqu'au Mozambique. L'estuaire se trouvant à Saint Lucia s'est refermé il y a quelques années suite à une mauvaise utilisation de l'eau et une importante sécheresse. Plusieurs études sont menées pour redonner au cours d'eau son embouchure d’antan. Ce cas nous a beaucoup fait penser à la langue de Barbarie que nous avions vue à Saint Louis, au Sénégal. Aujourd'hui, le lac est devenue une zone protégée où « cohabitent » crocodiles, hippopotames et requins. En effet, l'estuaire s'étant fermée, de nombreux requins venus dans le fleuve pour pondre ont été bloqués. Si la baignade est très fortement déconseillée, le spectacle est magnifique. Ainsi, avec les derniers rayons de soleils, nous embarquons sur un bateau pour admirer les hippopotames, et quelques crocodiles. Si le
pachyderme semble pataud et las, il est important de garder en tête que c'est l'animal à l'origine du plus grand nombre d'attaques meurtrières en Afrique, et ce malgré son petit nombre. On recense plus de 3 000 décès annuels suite à des attaques d'hippopotames. Observer ces spécimens reste un moment inoubliable pour tout les trois. De retour sur la terre ferme, l'heure est à trouver un bar où le match de rugby Afrique du Sud/France est retransmis. La fréquentation dans le bar n'est pas celle que nous aurions espéré pour l'occasion, et le spectacle non plus. Rien de grave, nous garderons de préférence les images de l'après midi dans nos souvenirs.
Dimanche 12/06, réveil matinal pour prendre la route 50km dans les terres en direction du « Hluhluwe-iMfolozi Park ». Cette réserve oubliée face au fameux parc Kruger n'en est pas moins splendide et riche. Il est notamment réputé pour sa population de rhinocéros. Après avoir passé la journée à observer babouins, éléphants, impalas, kudus, buffles, gnous, zèbres, girafes, phacochères et rhinocéros, nous nous arrêtons dans une cabane servant d'observatoire avec une vue sur un point d'eau. Là, alors que le ciel commence à rougir avec les derniers rayons du soleils, que les oiseaux commencent leur balais musical et que l'ombre gagne peu à peu sur les acacias clairsemés, après avoir perdu tout espoirs, une lionne sort brusquement de la brousse. A ce moment, le palpitant atteint des sommets. S'en suit 4 autres spécimens dont 2 mâles. Avec le rois de animaux, nous aurons vu en une journée 4 membres du Big5. Heureux comme des enfants à Noël de notre chance, nous profitons au maximum de l'instant, jusqu'à ce que la fermeture du portail du parc nous force la main. C'est la nuit tombée, sur la route en terre au milieu d'une faune aussi nombreuse qu'imposante, et ayant eu la preuve qu'il y avait des lions, que nous étions partis pour arriver juste à l'heure au portail. Mais ça, c'était normalement. Ratant un embranchement, nous devons faire demi-tour et perdre du temps, nous faisant arriver 10 minutes en retard au portail, déserté de tout Ranger. Après avoir appelé le centre, et qu'il nous ait gentiment dit qu'il n'arrivait à joindre personne, nous commençons à regretter notre léger retard. Tandis que nous nous attendions à voir une voiture nous ouvrir la porte, nous voyons au loin une lampe de poche. Les gestes de l'individu semblaient montrer qu'il était conscient de l'activité animale nocturne du parc. Après avoir fait demi-tour en courant, nous retrouvons la lampe de poche. Persuadé que c'était un braconnier aventureux, nous découvrons à notre grande surprise un homme arborant un maillot springboks, des rangers sans lacets mais également un trousseau de clés. L'individu, seul, sans défense mis à part une lampe de poche était en réalité notre sauveur envoyé par le parc pour nous ouvrir. L'Afrique nous surprendra toujours ! Après qu'il nous ait ouvert non sans inquiétudes, nous le laissons en espérant que son retour au campement ne lui ait pas causé de nouvelles frayeurs, ou plutôt de problèmes, l'autre semblant inévitable. 19H, nous sortons du parc, partis pour 2h de route pour rejoindre Durban. Évidemment, les choses ne se passerons pas si bien ! Après quelques kilomètres et sans prévenir, nous tombons sur un panneau : « route fermée ». Les routes n'étant pas si nombreuses, nous demandons notre chemin à un passant qui nous montre la route fermée en disant : « par ici sa passe ! ». C'est avec notre citadine et à défaut d'alternatives que nous nous engageons sur la route. En effet, loin d'être en bon état la route est abordable. Armés de patience et quelque peu secoués, nous regagnons la nationale en direction de Durban avec une heure de retard supplémentaire.
Lundi 13/06, le matin, nous partons pour un rendez vous au centre océanographique de Durban. Là, nous rencontrons Sean Fennessy. Ce spécialiste des écosystèmes marins de la côte du Kuazulu-Natal nous a éclairé sur la situation des ressources marines en terme de biodiversité, de la difficulté des études mais également de la complexité des paramètres. Des choses que l'on a attribué au changement climatique s'avèrent être bien plus complexes. Le recul reste trop court pour affirmer que les cycles biologiques sont altérés. Dans cette région, contrairement à l'Australie, le récif corallien qui semblait souffrir de l'augmentation de la température s'est depuis peu légèrement rétabli. N'était-ce qu'un cycle, un effet de l'action humaine… ? Si il est certain que le changement climatique joue un rôle, la question est à quel point et quels sont les autres paramètres ? Par la suite, nous avons discuté de la situation des estuaires dans la région et plus particulièrement à Saint Lucia où nous avions passé le week-end. La situation y est dramatique. Les sécheresses récurrentes, la pollution (en effet, étant un ancien fleuve, le bassin versant du lac est très grand et les cultures environnantes l'infestent de produits chimiques), l'érosion… rendent l'écosystème fragile. Face à l'enjeu écologique et touristique, de nombreuses études et des travaux sont en cours pour sa réhabilitation. De retour à l'auberge, nous discutons avec nos hôtes de notre week-end. Ils nous font part de leurs différentes expériences dans les réserves. Tout d'abord nous réalisons la chance que nous avons eu de voir autant d'espèces. Ensuite, nous écoutons attentivement leurs anecdotes toutes aussi folles les unes que les autres : la charge d'un hippopotame sur leur bateau bloqué dans le sable, un combat entre un éléphant et un rhinocéros, un face à face avec une famille éléphant de nuit… Après ces échanges, nous voilà partis pour Pietermaritzburg, 80km au nord, ou un rendez-vous avec Duncan Hay nous attend. Duncan est le directeur de l'INR (Institute of Natural Resources). Cet homme très dynamique et très accueillant nous rejoint dans l'après midi à notre auberge pour discuter des jours à venir. Notre planning à venir semble tout aussi chargé que passionnant. Par la suite, avant de nous présenter à l'aide de Google Earth la situation, essentiellement hydrologique et écologique, de la région, Duncan nous a montré où aurait lieu notre sortie du lendemain. Les enjeux sociétaux semblent énormes et la gestion de l'eau, qui est rare à certaines périodes notamment, sont des sujets majeurs et un réel danger.
Retrouvez-nous la semaine prochaine pour notre dernière en Afrique du Sud !